Il s’agit d’un extrait du journal Le Matin, du 9 juin 1944. Ce journal, conservateur avant la guerre, est l’un des premiers à être republier après l’armistice de 1940. Il tient une ligne pro-collaboration.
La bataille de Normandie est en pleine évolution.
GRAND QUARTIER GÉNÉRAL DU FÜHRER, 8 juin. Le haut commandement des forces armées allemandes communique :
En Normandie, l’ennemi a tenté de renforcer ses têtes de pont, mais il n’y a pas eu de nouvelles tentatives de débarquement ; à l’est de l’embouchure de l’Orne, l’ennemi a été resserré sur un étroit espace et écarté de la côte.
Les réserves contre-attaquent
De sa tête de pont entre Caen et Bayeux, l’ennemi est passé à l’attaque en direction sud-ouest ; en même temps a commencé la contre-attaque de nos réserves amenées sur place. Un violent combat est actuellement en cours dans la région de Bayeux. Partout dans la tête de pont ennemie, nos points d’appui se maintiennent en une défense inébranlable.
Les troupes américaines qui, venues par air et par mer, avaient pris pied au nord de Carentan, au bas de la presqu’île du Cotentin, ont subi les pertes les plus lourdes. Nos contre-attaques concentriques resserrent de plus en plus l’adversaire.
Dans la baie de Saint-Martin, à la pointe nord-ouest de la presqu’île, une tentative de débarquement ennemie a été dispersée par le feu des batteries côtières.
89 appareils ennemis détruits
La nuit dernière, des formations d’avions de combat ont effectué des attaques contre la flotte de débarquement anglo-américaine au large des têtes de pont ; des incendies et des explosions ont été observés ; à elle seule, la chasse a abattu, au-dessus de la région de débarquement, au moins 89 appareils ennemis, dont trente bombardiers ennemis quadrimoteurs pendant la nuit ; les résultats obtenus par la D.C.A ne sont pas encore connus avec certitude.
Grand succès des vedettes rapides
Au cours d’un engagement dans la baie de Seine, des vedettes rapides ont coulé deux bâtiments de débarquement ennemis jaugeant au total 4000 tonnes ; dans de durs duels d’artillerie, avec des contre-torpilleurs et des vedettes rapides, elles ont obtenu de nombreux coups au but sur les bâtiments ennemis et, en regagnant leur base, elles ont repoussé de violentes attaques aériennes.
À l’ouest de Fécamp, une autre flottille de vedettes rapides a attaqué, la nuit dernière, une formation ennemie et a coulé six bâtiments de débarquement lourdement chargés ; nos forces de protection, aux prises avec des forces ennemies supérieures en nombre, ont endommagé par des coups au but plusieurs contre-torpilleurs et vedettes rapides qui cessèrent le combat.
Des avions de combat allemands ont attaqué des objectifs isolés dans le sud-est de l’Angleterre.
Depuis le commencement de l’invasion, la batterie côtière de Saint-Marcouf, marquant dans la partie orientale de la presqu’île du Cotentin le point central de la lutte contre la flotte de débarquement ennemie, en dépit d’une violente canonnade effectuée par mer et de puissantes attaques aériennes, a anéanti plusieurs bâtiments de débarquement et a coulé, par des coups au but, un navire de guerre ennemi du type croiseur ; investie par les parachutistes ennemis, elle a tenu contre les forces adverses supérieures en nombre et a finalement brisé l’encerclement.
Deux croiseurs font demi-tour
D’autres batteries côtières, par un tir bien ajusté, ont contraint deux croiseurs ennemis à faire demi-tour, au large du Havre.
Dans la nuit, des batteries en face de Douvres ont ouvert le feu sur un grand convoi ennemi.