Dans le cas de la ville de Paris, la mécanique fut celle-ci :
Le 10 juin 1940, dans la matinée, les Conseillers Municipaux de Paris recevaient individuellement la lettre confidentielle que voici :
Présidence du Conseil Municipal
Paris, le 10 juin 1940
Le Président,
Mon cher Collègue,
J’ai l’honneur de vous adresser le texte de la lettre que je viens de recevoir de M Georges Mandel, Ministre de l’Intérieur, qui m’a prié également de porter à vitre connaissance la lettre, dont vous trouverez ci-joint copie, du Général commandant en chef Weygand. Chef d’Etat-Major général de la Défense Nationale :
« Mon cher Président,
« J’ai le regret de devoir vous confirmer ce que je vous ai dit à maintes reprises.
« C’est le Préfet de la Seine et le Préfet de Police qui représenteront seuls l’administration et la population au cas où Paris viendrait à être occupé par l’ennemi.
« Il n’y a donc pas de raison pour que vos collègues demeurent dans la Capitale.
« Il est même évident qu’ils rendront éventuellement plus services à leurs commettants en se trouvant auprès du Gouvernement, comme l’ont fait jusqu’ici les Parlementaires des départements envahis. Je vous serais obligé de le représenter aux Membres du Conseil Municipal et de les prier, par conséquent, de quitter Paris.
« Croyez, etc …
« Signé: Georges Mandel
« P.S. – Je vous demanderai de vouloir bien porter à la connaissance de vos collègues la lettre ci-jointe, que me communique le Président du Conseil des Ministres et qui lui a été adressé par le Général commandant en chef. »
Veuillez croire, mon cher Collègue, à mes sentiments tout dévoués.
Signé : Louis PEUCH
Président du Conseil Municipal
(La lettre du Général Weygand tendait au départ du Gouvernement et à la déclaration de Paris « Ville ouverte ».)
….
M Georges Mandel a (donc) semé le trouble et la division dans les esprits. Il a fait que les Conseillers sont, en effet, partis ; et que ces départs, tout de suite connus de la population, ont gravement inquiété celle-ci et ont immédiatement contribué à donner à l’évacuation générale une impulsion néfaste.
Dès lors, beaucoup de commerçants de quartiers, munis d’automobiles et d’argent, ont fermé leurs magasins et boutiques et sont partis. L’exemple était contagieux. …
Tout le mal était fait. Dès le 11 juin, les gares de Lyon et de Montparnasse, d’Austerlitz et du quai d’Orsay, n’offraient plus de trains au public. Mais le 12, vers 15 heures, le bruit se répandit que des trains partaient encore de Charenton. C’était déjà l’exode quasi-général dans tous les quartiers. C’était une folle ruée, dans toutes les stations de métro, vers Charenton. J’ai parcouru en partie les 15é, 14é et 13é arrondissements. J’ai vu.
Source : Extrait de « Les Horreurs que nous avons vues, crime des Evacuations » de Jean de la Hire, éditions Tallandier, Septembre 1940. Pages 11 à 25.
Mais pour les autres communes ???