Retour sur le terrain pour reconstituer l'Exode réalisée en Juin 1940 par ma grand-mère maternelle, Mme Yvette Girondin :
Vacances de Printemps 2010, nous allons refaire le trajet réalisé 70 plus tôt, peut-être les lieux traversés appelleront-ils d'autres souvenirs ?
Pour ce faire, nous roulerons extrêmement lentement, bien que plus rapidement qu'un cheval attelé au pas... Premier souvenir, leur convoi est souvent à l'arrêt faute de pouvoir avancer. C'est la conséquence de l'encombrement générale des routes vers le sud de la France à ce moment-là.
La Seine, le fleuve, est pour eux le premier obstacle à franchir. Le convoi du Corbier choisit donc de se diriger vers le pont de « Bray sur Seine ». C'est l'Objectif !
La première étape : Le Corbier – Gare de Jouy le châtel – chateaubleau : 14 km
Ils partent tôt le matin, nous sommes Juin, les journées sont longues. C'est entre Jouy le Chatel et Saint Just qu'ils croisent deux militaires en motos dont le docteur « Lecocq » accompagné d'un autre soldat (qui rentraient chez eux ?). Ils campent à droite de la route sous les arbres à l'entrée du village de Chateaubleau. Yvette et sa sœur sur l'herbe avec une couverture, ses parents et son petit frère dans la gerbière. La découverte de ce camping « à la dure » n'amuse pas les deux sœurs. Heureusement pour elles, il ne pleuvra à aucun moment !
Deuxième étape : Chateaubleau – Landoy : 7 km
Départ toujours tôt le matin mais un seul kilomètre de parcouru avant midi, la pause déjeuner a lieu dans le bois à la sortie du village de Chateaubleau. Son père fait le plein d'eau dans un puits à l'entrée de Maison rouge. Il n'y a ni vélo, ni moto dans le convoi donc pas d'éclaireur, ils découvrent les obstacles au dernier moment... Campement le soir dans les bois avant le village de Landoy.
Troisième étape : Landoy-Les ormes sur Voulgis : 12 km
Souvenir net de la traversée de la ligne de chemin de fer, du fait de la crainte d'y croiser un train (pas de passage à niveau). Déjeuner dans le bois après le village de Savins. Des soldats français « montant vers le front » (?) donnent une paire d'espadrille à Yvette car elle a les pieds en sang de courir après les vaches (lâchées dans les champs pour pâturer).
Et à l'entrée du village des Ormes, coup de tonnerre pour le convoi, il est impossible de passer par le pont de Bray sur Seine ! Qui l'a affirmé ? Le pont a-t-il sauté ou pas ? Le convoi oblique vers l'ouest pour le pont du village de « la Tombe ». Ils campent dans les bois peu après.
Quatrième étape : Les Ormes - La Tombe : 14 Km
Le convoi franchit enfin la Seine à la Tombe ! Campement dans la cours close d'une ferme. Après visite du village et revue des fermes, c'est celle au numéro 24 de la grande rue qui est reconnue formellement ! Fin de la fuite, les allemands sont devant eux, toute poursuite est veine, le retour collectif est décidé.
Cinquième étape : La Tombe – Donnemarie : 12 Km
Vision de son premier mort pour Yvette, un homme couché dans la rue accroché à un soupirail, un civil d'une quarantaine d'année...
Rencontre avec des soldats allemands motorisés qui leur ont donné du pain (et peut-être quelques conserves ?).
Sixième étape : Donnemarie – Maison rouge : 15 Km
L'après-midi perte dans les récoltes de la vache « rousette » donnée à la garde d'Yvette. Elle l'a vu s'éloigner sans parvenir à la rattraper. Retour en pleurs d'Yvette au convoi dont les parents ne la disputeront pas trop, ils avaient bien vu qu'elle avait fait l'impossible. Campement dans la grande ferme à droite avant le village de Maison Rouge.
Septième étape : Maison rouge – Le Corbier : 18 Km