Photo de Bill en 1983 racontant que les allemands le croyaient fou
Bill n’a eu de cesse, depuis la fin de la guerre, jusqu’à ce qu’un AVC le cloue dans un fauteuil roulant, de revenir en Normandie pour rendre hommage à ceux qui avaient sacrifié leur vie sur les plages et durant la longue bataille de Normandie.
Très diminué, il a pu malgré tout revenir les deux dernières de sa vie, grâce à une chaîne de solidarité et le public Français qui le croyait mort depuis très longtemps lui rendit un vibrant hommage.
Il a aussi écrit un ouvrage très intéressant sur sa campagne : « la cornemuse du D-Day ».
"Blue bonnets" (morceau joué lors de la traversée du pont sous les balles allemandes)
Extraits de l’ouvrage : « 6 juin 44, la cornemuse du D Day » par le Piper Bill Millin :
Rassemblés dans la région de Southampton, le 5 juin, Lord Lovat lors du dernier briefing à l’ensemble de la brigade « prend la parole en anglais, puis en français. Il nous apprend que nous plions bagage dès cet après-midi. Puis il poursuit par ces mots : « je vous souhaite à tous bonne chance pour ce qui va suivre : ce sera la plus grande aventure militaire de tous les temps, n’oubliez surtout pas que la brigade commando a un rôle important à jouer ! ». Il poursuit en nous disant que notre mission sera de constituer l’avant-garde des troupes qui débarqueront et que nous devons être fiers de jouer un rôle aussi déterminant dans l’attaque. « Dans cent ans, les fils de vos fils diront : les hommes de cette époque devaient être des géants ».
Le champ où sont ensuite transportés les commandos est bordé par une rivière sur laquelle sont amarrées des douzaines de péniches de débarquement, à la queue leu leu, jusqu’à perte de vue. « Les embarcations ont l’air toutes petites. Je me dis que ce n’est pas possible que l’on nous fasse traverser la mer sur ces trucs-là ! ». Après l’embarquement dans la première péniche, celle de lord Lovat, et le départ, il entonne avec sa cornemuse « The road to the Isles » en longeant l’île de Wright.
« Tout autour de notre embarcation on aperçoit des centaines de navires de toutes sortes, du plus petit au plus gros, ainsi qu’un nombre incalculable de péniches de débarquement. Cette véritable armada constitue un spectacle extraordinaire avec tous ces bâtiments en attente de prendre leur place dans la longue file de navires ». Il joue maintenant « The skye boat song » qui est diffusé par les haut-parleurs de l’ensemble des péniches, cela produit un gros effet, « les gars se mettent à lancer leurs casques ou bérets en l’air en signe d’allégresse et me font une véritable ovation »
…
J’arrive maintenant à distinguer des maisons sur le front de mer, elles sont à moitié détruites par les bombardements. … Je rejoins les autres commandos à l’avant du navire. Les canonniers allemands commencent à entrer dans la danse. Leurs tirs sont terriblement précis et soulèvent des paquets de mer tout autour du bâtiment. Sur notre droite, une péniche de débarquement vient d’être frappée de plein fouet et l’incendie fait rage. Les occupants sont en train de sauter par-dessus bord dans une bousculade inimaginable. Personne ne semble prêter attention aux salves d’artillerie ni même aux infortunés soldats du navire en flamme. Tous les yeux sont rivés sur la côte à mesure que les péniches se rapprochent. … Deux chars sont en flammes et dégagent une épaisse fumée noire… Nous nous tenons prêts à accoster, au milieu du fracas des balles et des éclats d’obus ; quant à moi, je me trouve juste derrière Shimi Lovat, à proximité de la rampe bâbord. … Les premiers commandos se jettent soudain à l’eau. L’un est atteint au visage par un éclat d’obus au moment où il pose le pied sur la rampe pour descendre de la péniche. L’espace d’une seconde, il essaie de se raccrocher mais il est aussitôt happé par les vagues.
Une centaine de mètre nous sépare encore de la plage ; Lovat saute du navire et commence à se frayer un chemin vers le sable en s’aidant des bras… L’eau ne m’arrive plus qu’aux genoux, il s’en faut de quelques mètres pour atteindre le sable ; le claquement des armes automatiques est assourdissant, renforcé encore par les explosions d’obus qui arrosent la partie droite de notre secteur. Je mets précipitamment ma cornemuse en position pour jouer « Highland laddies ». Lovat se retourne au son de la musique, il me lance un bref sourire de contentement et reprend sa progression.
Au moment où je pose les pieds sur le sable (sec), le fracas des explosions s’amplifie et le sifflement des balles se rapproche encore davantage en se mêlant au son de la musique….
Plusieurs soldats se sont mis à l’abri du feu ennemi derrière un petit mur, parmi eux il y a des blessés que l’on a adossé au mur, leurs visages ont pris une étrange teinte grisâtre. … L’impression générale que j’ai de la situation est que nous sommes en train de nous faire massacrer sans pouvoir riposter…
Près de la route, j’aperçois un groupe de soldats étendus de tout leur long ; Ils doivent être huit ou neuf et ont d’être tous blessés. Ils sont là à la limite du chemin et de la plage, sans doute après avoir été fauchés par une rafale de mitrailleuse ou par un obus de mortier … Deux d’entre eux me crient à plusieurs reprises : « bon Dieu, l’Ecossais, est-ce que t’as vu les toubibs ? ». Je leurs réponds qu’ils ne vont pas tarder à arriver… je jette un coup d’œil et aperçois un char de déminage en train de remonter la plage dans notre direction. Son système de chaînes à l’avant frappe le sol avec un bruit sourd et à mesure qu’il se rapproche je distingue de mieux en mieux le visage du chef de char qui dépasse de la tourelle. Je me rends soudain compte que l’engin est beaucoup trop large par rapport au chemin et qu’il va m’écraser contre le mur qui m’abrite des tirs de la mitrailleuse allemande ! Je me jette de côté pour l’éviter toujours sous le tir de la mitrailleuse allemande. J’essaie de faire signe au chef de char pour lui indiqué les blessés qui se trouvent sur son chemin, mais il ne semble pas me voir. Le canon du blindé continue de tirer sur la position allemande et l’engin détruit les murs de chaque côté du chemin en poursuivant sa progression. Je jette un regard impuissant aux corps déchiquetés des blessés après le passage du char…
Je rattrape Lovat au moment où le major de la brigade lui annonce qu’il vient de recevoir un message comme quoi les parachutistes largués durant la nuit ont réussi à prendre les ponts sur l’Orne et sur le canal. C’est une bonne nouvelle ! Mais les ponts sont encore loin devant…
Nous pénétrons dans un petit village et je suis surpris d’y voir des gens sur les trottoirs. Ils crient « des anglais, des anglais » en nous faisant des signes de la main. Je suis en train de jouer de la cornemuse, ce qui a le mérite de déclencher des applaudissements de la part des villageois, pendant que deux religieuses sont en train de servir des verres de vin aux soldats. …
Quelques illustrations
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Et participez à son inauguration en Juin 2013 !