Monsieur le Maréchal,
Depuis le jour où le sort m'appela à conduire les destinées de mon peuple, je me suis sincèrement efforcé d'améliorer nos relations avec la France, fût-ce au prix de pénibles renonciations de la part de l'Allemagne. Si ces efforts sont demeurés vains, il n'y a pas là ma faute. Les déclarations de guerre que l'Angleterre et la France ont adressés à l'Allemagne, le 3 septembre 1939, m'ont d'autant profondément affecté, et avec moi le peuple allemand, que ni l'Angleterre, ni la Franc ne pouvaient invoquer, pour ce faire, de motif tant soit peu paisible. Malgré l'issue précipitée et si désastreuse pour la France de cette campagne, je n'ai pu me défaire de l'idée qu'il fallait laisser le champ libre, du moins à l'avenir, à l'établissement d'une meilleure solidarité européenne.
LE REICH ALLEMAND N'A PAS PROFITE DE LA FAIBLESSE DE LA FRANCE
C'est dans cet esprit que je n'ai inséré dans les conditions de l'armistice aucune clause qui fût en contradiction avec les buts énoncés dans le préambule ou qui ne fût absolument indispensable pour atteindre ces fins. Aussi le Reich allemand n'a-t-il pas profité à ce moment là de la faiblesse de la France pour se livrer à des extorsions, mais il s'est contenté d'exiger uniquement ce qu'en pareille occurrence un vainqueur est contraint d'exiger, de voir ses succès bien assurés ; en d'autres termes, d'obtenir la garantie que l'armistice ne soit pas un épisode passager, mais la conclusion effective de la guerre. Enfin, le Reich exigeait qu'en aucune circonstance cet armistice ne pût, en raison même de sa modération, donner lieu à un affaiblissement de la situation militaire de l'Allemagne, au cas où l'intransigeance des anciens alliés de la France eût provoqué une prolongation de la guerre.
PAS DE REVENDICATION QUANT A LA MARINE DE GUERRE FRANCAISE
A cette époque, l'Allemagne n'a pas élevé de revendications quant à la marine de guerre française. Elle n'a pas empiété le moins du monde sur la souveraineté du gouvernement français dans son Empire colonial.
Dans l'espoir de pouvoir encore porter la guerre en Europe, l'Angleterre et l'Amérique ont dès lors commencé à attaquer et à occuper le territoire français de l'Afrique Occidentale et de l'Afrique du Nord. La France, de son côté, n'est pas en mesure, à la longue, de tenir tête à ces agressions. D'autre part, l'Allemagne et l'Italien sauraient en aucun cas tolérer que la convention d'armistice ait des conséquences devant nécessairement finir par tourner à leur désavantage. Une observation attentive des transports militaires anglo-américains, ainsi qu'un certain nombre d'informations qui ne laissent plus subsister aucun doute, ont appris aux gouvernements du Reich et de l'Italie que les prochains objectifs de l'invasion anglo-américaine sont la Corse et le Midi de la France.
LES PREMISSES ET LES BASES SE LA CONVENTION D'ARMISTICE SE TROUVENT SUPPRIMEES
En conséquence, les prémisses et les bases de la convention d'armistice se trouvent supprimées sans que la faute puisse en être imputée à l'Allemagne et à l'Italie. Eu égard à ces faits, les gouvernements allemand et italien ont convenu de prendre d'urgence les mesures susceptibles d'enrayer le plus efficacement possible la continuation des agressions anglo-américaines.
Les circonstances étant telles, Monsieur le Maréchal, j'ai l'honneur et le regret à la fois de vous faire savoir que, pour écarter le danger qui nous menace, je me suis vu forcé, de concert avec le gouvernement italien, de donner ordre à mes troupes de traverser la France par la voie la plus directe pour occuper la côte de la Méditerranée, et, secondement, de participer à la protection de la Corse contre l'agression imminente des forces armées anglo-américaines. C'est surtout la conduite d'un général français qui m'a amené à agir ainsi. Celui-ci au cours de sa captivité, avait simulé une maladie et, de ce chef, il lui avait été accordé certaines facilités, dont il a profité pour s'évader. A l'encontre de l'assurance qui m'a été donnée de son engagement d'honneur envers vous. Monsieur le Maréchal, il s'est décidé, non-seulement à combattre désormais contre l'Allemagne au service des puissances anglo-saxonnes, auteurs de l'agression, mais même contre son propre pays.
En outre, je vous informe, à cette occasion, Monsieur le Maréchal, que l'action des troupes allemandes n'est pas dirigée contre vous, chef de l'Etat, et vénérable commandant des valeureux soldats français de la guerre mondiale, ni contre le gouvernement français, ni même contre tous ces français qui désirent la paix et qui, surtout veulent éviter que leur beau paix redevienne un théâtre de guerre.
En ce sens, je voulais également vous donner l'assurance que l'entrée des troupes alliées en France n'est pas dirigée contre les forces armées françaises, mais que je conserve l'espoir de défendre un jour, côte à côte avec elles, l'Europe, ainsi que les possessions africaines appartenant à celles-ci, contre la coalition des pirates anglo-saxons.
Enfin, cette entrée des troupes alliées n'est pas dirigée contre l'administration française, qui, je l'espère, exercera ses fonctions comme par le passé, car le seul but de notre action est d'empêcher que la situation qui se présente en Afrique du Nord ne se reproduise, soudainement aussi, sur les côtes du Midi de la France. Quant aux précautions à prendre à cet égard, je me sens, au contraire, responsable non seulement devant mon peuple, mais , dans un sens plus large, devant toute l'Europe, car l'entrée de ce continent dans une nouvelle guerre ne pourrait mener qu'à l'anéantissement de tous les Etats européens, et notamment de toute la culture européenne.
VOUS POURREZ, VOUS ET VOTRE GOUVERNEMENT, VOUS DEPLACER DANS TOUTE LA France
Permettez-moi de vous donner en outre l'assurance, Monsieur le Maréchal, que, du moment où la situation en Méditerranée se sera améliorée au point qu'il ne pourra plus être question d'un préjudice causé aux intérêts du Reich, visés dans la convention d'armistice, je suis décidé à retirer immédiatement mes troupes en-deçà de l'ancienne ligne de démarcation. Je voudrais également vous assurer enfin que vous pourrez, Monsieur le Maréchal, vous déplacer désormais librement et sans aucune entrave dans toute la France.
Je m'étais, en effet, prononcé dans le temps contre le transfert du gouvernement à Versailles, uniquement parce que je craignais que la propagande ennemie n'eût de cessé de prétendre que vous, Monsieur le Maréchal, et votre gouvernement aviez été privés de toute liberté et que, par conséquent, vous n'étiez plus en mesure dans ses conditions, de vous consacrer à votre tâche. Etant donné cependant que, par suite des circonstances exposées ci-dessus, le Reich et l'Italie se voient forcés, en vue de sauvegarder les intérêts visés par les conventions d'armistice, de faire face à la menace d'invasion anglo-américaine et, par conséquent, d'occuper également les frontières du reste de la France, la raison du maintien du siège du gouvernement français à Vichy vient de disparaître. Qu'il me soit permis de profiter de ce moment pour vous communiquer l'abrogation de la réserve qui était en vigueur jusqu'ici à ce sujet.
Je puis comprendre, Monsieur le Maréchal, combien est dur le destin qui frappe votre pays. Permettez-moi, toutefois, de vous prier de songer au sort de mon propre peuple, contraint à mener depuis des années une guerre qui lui a été imposée sans aucune faute de sa part, et qui, maintenant encore, a dû prendre la décision précipitée, uniquement sous l'emprise des nécessités les plus urgentes. Je formule l'espoir que les circonstances ne conduisent pas à une nouvelle effusion de sang entre la France et l'Allemagne, mais que, au contraire, ces mesures prises contre les perturbateurs de la paix, qui se trouvent en dehors du continent européen, amènent un rapprochement entre les peuples européens. L'Allemagne est par conséquence décidée à défendre, si possible, côte à côte avec les soldats français, les frontières de votre pays et , avec celles-ci, les frontières de la culture et de la civilisation européenne. Pour ce qui est des troupes allemandes, elles feront ce qu'il faudra pour atteindre ce but, par leur tenue et leur manière de se comporter vis-à-vis du peuple français et de ses soldats. Je voudrais cependant vous demander encore, Monsieur le Maréchal, que le gouvernement français, lui aussi, prenne à cette heure les dispositions susceptibles d'éliminer toute tension et de garantir la mise en exécution sans heurt de cette mesure nécessaire, aussi, en vue des intérêts français.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Maréchal, l'assurance de ma respectueuse considération et de me croire votre dévoué.
Signé : ADOLF HITLER