Il faut 100.000 volontaires de plus à l’agriculture
Nous les trouverons si… les promesses sont tenues et le travail bien organisé
Le bon ravitaillement du pays entier dépend de la production accrue de nos fermes.
Le volontariat avait donné, l’an dernier, des résultats encourageants : il faut les intensifier pour la campagne 1942.
Cent mille bénévoles sont encore nécessaires, en plus des 120.000 qui ont répondu à l’appel. Nous pouvons les trouver.
Mais il faut renoncer absolument au manque de franchise qui retarda l’an dernier l’essor du mouvement.
Des engagements avaient été pris qui n’ont pas étés tenus : la rancœur empêche des gars de bonne volonté de se faire porter présents cette année encore. On leur avait promis, en 1941, une nourriture saine, un salaire de 10 francs, un équipement complet… Beaucoup d’entre eux ne reçurent rien de tout cela, et nombreux se plaignent de l’incompréhension des paysans. Il faut que cette année les promesses soient tenus – rigoureusement.
Définir les droits et les devoirs de chacun
La réquisition obligatoire n’a pas encore joué, disait récemment M Bonnet, directeur de la mission de restauration paysanne pour la Z N O. Devrons-nous en venir là ?
Non ! répondait-il aussitôt, car les avantages accordés aux volontaires sont appréciables : nourriture saine, logement, 10 francs par jour, équipement complet, bon de transport pour 50 kilos de pommes de terre…
Si TOUS ces avantages ne peuvent être assurés, il vaut beaucoup mieux ne pas les annoncer. Il ne manque pas en France de jeunes qui, pour leur seule nourriture- uniquement dans le dessein de servir – sont décidés à partir travailler à la campagne pendant leurs vacances. Il serait maladroit de les leurrer. Disons-leur simplement que la France a besoin d’eux : ils ne se déroberont pas.
Il convient par ailleurs de préciser les conditions de l’emploi de ces volontaires par leurs patrons provisoires : de déterminer leurs rapports réciproques ; de faire admettre à tous que telle équipe n’est pas composée de manifestants parce que le matin, elle salue les couleurs ; de calmer les impatiences du paysan quand les bénévoles n’atteignent pas du premier coup les rendements d’un ouvrier agricole ; surtout de faire comprendre aux uns et aux autres que le volontaire X… ne travaille pas pour M. Y… fermier, mais bien pour le pays.
A ce prix, nous aurons suffisamment de volontaires pour éviter le recours à la réquisition.
Seulement, pour tenir ce rôle de médiateur, il faut des chefs.
A-t-on suffisamment songé à leur recrutement ?
Source : Journal « Le Matin » du 2 juin 1942.