Ou comment la Fédération des anciens engagés volontaires étrangers cacha des déserteurs de la Werhmacht :
Extrait de « La France que je cherchais » de Joseph Ratz, les impressions d’un Russe engagé volontaire en France, décembre 1944, p°137 et suivantes.
« Quelques jeunes gens de Lyon, membres de la Ligue catholique avaient réussi à s’approcher de soldats tchèques et polonais à l’église pendant la messe du dimanche. Ces derniers racontèrent qu’ils avaient été forcés par les Boches d’entrer dans les rangs de l’armée allemande, qu’ils étaient terriblement malheureux dans leur situation actuelle et qu’ils ne demandaient pas mieux que de déserter.
Les jeunes de la ligue, tous animés d’un patriotisme ardent, décidèrent de prêter la main aux soldats allemands désirant déserter et élaborèrent un vaste plan en conséquence.
L’effet de telles actions fut considérable. D’une part, on soustrayait des soldats aux Allemands, d’autre part on augmentait la force résistante de la France pour l’heure H du débarquement. Enfin, on ébranlait le moral des compagnies car les compatriotes des déserteurs étaient naturellement incités par cet exemple.
Les jeunes de la Ligue eurent beaucoup de mal à placer ces déserteurs. C’est alors qu’on leur conseilla de s’adresse à moi qui m’occupais continuellement du placement d’étrangers en tant que secrétaire général de la Fédération.
Ces soldats furent vêtus tant bien que mal avec des vêtements offerts par les patriotes de Lyon. Ils ne possédaient presque aucun papier d’identité, la fabrication de faux papiers n’étant pas encore développée.
Il faut savoir qu’il avait été extrêmement difficile d’obtenir la démobilisation des engagés volontaires étrangers (de l’armée française) qui, sans cela, étaient incorporés de force dans les » bataillons de travailleurs étrangers ».
Le responsable local du groupement des travailleurs étrangers avait sûrement envi de d’augmenter autant que possible ses effectifs et que peut-être, il ne regarderait pas trop attentivement les papiers des nouveaux candidats.
… L’affectation des premiers déserteurs de l’armée allemande se fit sans difficulté !
Et ce dans une organisation vichyste !
Au delà de l'anecdote, il faut souligner le courage tranquille de beaucoup de français qui cachèrent des fugitifs (soldats évadés, juifs, aviateurs, ...).