L’article est issu du magazine Fille de France du 15 février 1945, il est écrit par une certaine JC on peut supposer que c’est Josette Cothias une active résistante au sein du PCF, mais je n’ai pas trouvé d’autre trace. L’article s’intitule « Quand Filles de France reçoit l’escadrille Normandie Niemen ».
Lundi 29 Janvier 1945 ! Les bureaux de l’Union des Jeunes Filles Patriote, sont en fête. Onze aviateurs du vaillant groupe « Normandie-Niemen » nous ont fait l’honneur de répondre à notre invitation.
Ici rien « d’officiel » ! de la jeunesse, de la gaité et une chaude sympathie ! Un grand feu de cheminée répand dans la salle de réception une douce chaleur. Les rires fusent, les physionomistes s’illuminent…
UN BILAN : 23 AVIONS DESCENDUS
Nous en profitons pour interviewer les jeunes héros, dont deux sont porteurs de l’Etoile d’Or, haute distinction décernée aux héros de l’Union Soviétique.
Le lieutenant Risso, un des trois survivant du tout premier groupe de « Normandie-Niemen » nous apprend, avec son accent méridional, comment, après maintes péripéties, il a gagné la Russie.
- Evacué sur l’Algérie, le 22 Mai 1940, après m’etre grillé au soleil pendant un mois, j’ai appris avec douleur la signature de l’armistice.
- Répondant à l’appel du général De Gaulle, nous décidons avec mes deux camarades de rejoindre l’Angleterre. A bord d’un avion de la troisième République, nous survolons Madagascar, ou la D. C. A. nous joua un « sale tour » et nous força à atterrir en terre espagnole.
- Après un petit séjour surveillé, le Consulat anglais de Barcelone, réussit à me faire embarquer comme plongeur à bord d’un cargo égyptien : je dois dire, d’ailleurs que je m’en tirais avec honneur, puisque je n’ai jamais cassé une seule assiette ! Parvenu enfin en Angleterre, je restai deux années à me perfectionner et le 28 Aout 1942, je partais comme volontaire vers la lointaine Russie.
Après beaucoup d’insistance de notre part, nous réussissons à lui arracher cet aveu :
- J’ai abattu onze avions « surs » et cinq avions « moins sur » !
A la manière des soldats de l’Armée rouge, sa carlingue d’avion porte triomphalement onze croix gammées.
Quant au capitaine Albert, jeune héros de l’Union Soviétique, il a descendu 23 avions et modestement il ajoute :
- Ce que j’ai fait est très normal !
Laissons parler le lieutenant De Lapoipe :
- Je n’ai vraiment aucun mérite, j’ai simplement de la chance et les trois décorations soviétiques que je possède, m’ont été décernées, pour une présence de deux années de front.
Ce qu’il ne nous dit pas, et ce qu’un de ses camarades nous murmure à l’oreille, c’est qu’il a, à son actif, un palmarès de seize avions descendu.
Dites Nous l’impression, que vous rapportez de Russie ?
- Dans l’ensemble c’est une idée de force et de discipline qui se dégage de la grande Union Soviétique.
- Les conditions de vie sont très difficiles mais malgré tout, le peuple a compris qu’il fallait souffrir pour remporter la victoire, dont il n’a jamais douté, et chacun là-bas se considère mobilisé pour sa patrie.
Et quel rôle des jeunes filles soviétiques dans la guerre ?
- Ceci est remarquable, le rôle des jeunes filles est en effet très important : Que pensez-vous d’une base de bombardiers, entièrement constituée avec un personnel féminin ? Notre stupéfaction et notre admiration à nous « Normandie-Niemen » furent très grandes, lorsqu’on nous intima l’ordre de leur servir de groupe de sécurité »
Une base de bombardiers uniquement féminine ! Voilà de quoi faire mentir toutes conceptions antiféministes !