Témoignage de général français Valin sur les bombes volantes « V1 », extrait de "les sans-culottes de l'air" édition Robert Laffon :
L’action contre les V1 reprend dès le 18 juin 1944. C’est que Londres s’inquiète. A tout moment du jour et de la nuit, le sud de l’Angleterre est sillonné par des projectiles-avions, ou plutôt des avions-projectiles qui, a faible altitude, mais à grande vitesse , s’acheminent régulièrement et systématiquement vers l’agglomération londonienne. Beaucoup d’entre eux tombent dans le Surrey et le Comté de Kent mais il en parvient tout de même un grand nombre sur le bel objectif que représente la capitale britannique.
Le ronronnement caractéristique de l’engin trouble les londoniens dans leur travail et les hante dans leur sommeil. Réveillé par ce bruit, on l’écoute avec angoisse, jusqu’à ce qu’il se soit éloigné de votre toit. S’il s’arrête, le cœur se serre, on ne respire plus, on courbe les épaules jusqu’à ce que l’explosion libère un soupir de soulagement égoïste.
Un jour, en plein midi, dans mon bureau de l’Etat-major * de Londres, je regardais un V1 qui venait droit sur nous. Tout à coup, il s’arrête à court de carburant et commence à piquer. Nous nous jetons à plat ventre, mes officiers et moi, nous attendant au pire. Toutefois sur sa lancée, l’engin dépassa les toits de l’immeuble et tomba dans Brompton Road où il tua des passants. Notre Etat-major en fut quitte pour trois blessés légers, des carreaux cassés et des lézardes dans les murs. Nous avions tout de même été secoués au point de croire que la maison allait s’écrouler sur nos têtes.
Cette brève idée de l’atmosphère créée par ces bombardements incessants montre que l’action du « Lorraine » (groupe de bombardement moyen des free french équipé de Bonston (Havoc pour les américains)) et du squadron du Two group (2eme tactical air group) n’avait pas été inutile, durant l’hiver précédent, et sans elle, la situation aurait pu être plus grave.**
Nota :
* = Etat-major des forces aériennes françaises en chargent de tous les groupes français dans la RAF.
** : attaque de toutes les rampes de lancement des V1. Ces missions dans le jargon de RAF étaient des "no-balls".