Extrait du livre "le peuple héros de la résistance", témoignage de patriote de Provence de Louis Gazagnaire, p°41 et s :
"Des hommes attendaient, des hommes traînés de prisons en camps, de camps en citadelles depuis des années, certains depuis 1940, des hommes dont les tentatives d'évasion ne se compter tant elles avaient été innombrables, des hommes qui, malgré les souffrances morales et physiques n'aspiraient qu'à une noble mission : aller prendre part aux combats pour la libération de la Patrie profanée; des patriotes au nombre de cent cinquante environ, internés dans la citadelle de Sisteron attendaient le moment propice pour briser enfin leurs chaînes.
La direction clandestine du groupe de patriotes fit circuler le mot d'ordre : "se tenir prêt à partir. Laisser tout ce qui est lourd et encombrant ou qui pourrait gêner la marche... former des groupes de 3.
Au début de la soirée les instructions se précisaient : les patriotes, de l'intérieur , prépareront les conditions de la sortie pendant que l'Armée secrète (A.S.) développera une action à l'xtérieur de la forteresse. Cette action aura lieu à minuit.
Et voilà qu'on assiste alors à un spectacle peu ordinaire. Les patriotes et ceux qui avaient la charge de les tenir enfermés : gendarmes et gardiens ouvrent les dépôts d'armes, prennent fusils et mousquetons et s'en vont prendre place aux créneaux, en haut des murs de la citadelles. A chaque embrasure un combattant : un gendarme, un patriote, un gardien, un gendarme, un patriote... Au diable si les Boches s'attendent au beau feu d'artifice que, dans l'ombre et le silence, les patriotes leur préparent.
Les heures sont longues comme des années, les minutes longues comme des jours sans fin, mais les aiguilles de la montre tournent inexorablement. ... Les coeurs battent à rompre les poitrines... Minuit Le silence absolu emplit la nuit. Pas le moindre bruit, pas un frissonnement alentour ne rompt l'univers du silence.
C'est fini ! Inutile d'espérer... L'AS ne viendra pas..."