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ete44_jyetaitNotre but principal est de maintenir et faire revivre la mémoire de la "Libération" en l'expliquant à tous les publics via des expositions et l'organisation d'évènements commémoratifs. Mais avant, il faut replacer les événements dans leur contexte d'où notre intérêt pour les années précédentes et les témoignages relatifs à cette période.

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  • 1940 2° DSP
  • 1942/1947 10° Régiment de Dragons
  • 1° Division Blindée Polonaise


En 1940, je travaille dans une usine de Reims qui est transférée en région parisienne suite à l’invasion de la France au mois de mai. Ce transfert échouant, je décide de m’engager dans l’armée polonaise. J’avais déjà bien essayé de le faire en 1939 mais dans l’armée française, en réponse à l’invasion de la Pologne.

Je me rends donc dans une gendarmerie à Paris où l’on me conseille d’aller à Coëtquidan où se crée l’armée polonaise.

Je me rends alors en gare de Paris Montparnasse et prends le train pour Vannes, le 20 mai 1940. 

Le lendemain, j’arrive à destination et me dirige une fois de plus vers la gendarmerie. Sur place, les gendarmes préparent un camion pour les volontaires, nous sommes dix sept, on nous donne des casse-croûtes puis direction Coëtquidan au petit matin.

Arrivés au camp, un sergent nous accueille : « C’est maintenant que vous venez, une fois que la Pologne a été envahie ? ».
Du tac au tac je lui réponds que l’on vient comme et quand on peut.

Vue aérienne du Parc Hopital Hospice

Après avoir traversé à pied, avec notre maigre bagage, la ville détruite et en flammes, passant devant les églises en ruines, nous sommes arrivés à l’hôpital qui allait devenir notre refuge durant le siège de Caen.

 

L’hôpital civil avait été évacué sauf les contagieux et les intransportables. Le Kriegslazarett (l’hôpital militaire allemand) avait aussi été évacué.

 

Hopital Clemenceau - contagieux Kriegslazarett à Caen

C’est dans ce dernier local, très sécurisé, en sous sol que nous, une vingtaine de personnes, allions attendre notre libération. Il nous a fallu d’abord nettoyer le lieu dans le quel subsistaient, notamment, des membres humains découpés quelques jours avant par les chirurgiens militaires.

Un puits, situé dans la cour de l’Hospice et une moto pompe avaient été mise en œuvre pour donner de l’eau à tout le quartier. Un cheval et une tonne à eau assuraient la distribution. J’ai quelque fois conduit ce cheval et quand les obus tombaient trop près il partait tout seul vers son écurie !

Roulante du secours national pendant la bataille de CaenEntre deux bombardements ou salves d’obus, nous jouions dans les jardins. Nous allions aussi dans les champs avoisinants pour repérer des vaches qui pourraient être capturées par des adultes, abattues et débitées sur place entres deux arbres pour donner de la viande aux personnes présentes. (le ravitaillement était organisé et assuré par la Défense Passive)attente-du-pain p

Le front n’était pas loin. Nous entendions les rafales d’armes automatiques ...

Il se souvient très bien de l’exode et de cette période où il a 10 ans. Il faut savoir qu’il y avait déjà des réfugiés du Nord dans son hameau et notamment un ancien combattant de la Grand Guerre (qui avait été gazé et amputé d’une jambe) qui lors de la retraite de l’armée française en Juin 1940 injuriait copieusement les soldats français qu’il voyait car eux lors de l’autre guerre ils avaient tenus !

Mi-juin, c’est à la demande des gendarmes qu’ils vont partir ces voisins, ces parents et lui chacun avec une gerbière. Des poules, des lapins sont du voyage ainsi qu’une vache (qu’ils abandonneront à Bray sur Seine car elle ne pouvait plus marcher).

Leur itinéraire est Choisy – Bray sur Seine – Pont sur Yonne – Sens.

Cet exode a été réalisé à pied, avec une voiture d'enfant pour porter les bagages, avec très peu de nourriture... Ils étaient un petit groupe de quatre personnes comprenant la mère de notre auteur âgée de 48 ans et deux collègues de son travail. Leur objectif était de rejoindre la région du Mans où ils pouvaient être hébergés loin des Allemands et des combats...

exode

Retour sur le terrain pour reconstituer l'Exode réalisée en Juin 1940 par ma grand-mère maternelle, Mme Yvette Girondin :

Vacances de Printemps 2010, nous allons refaire le trajet réalisé 70 plus tôt, peut-être les lieux traversés appelleront-ils d'autres souvenirs ?

Pour ce faire, nous roulerons extrêmement lentement, bien que plus rapidement qu'un cheval attelé au pas... Premier souvenir, leur convoi est souvent à l'arrêt faute de pouvoir avancer. C'est la conséquence de l'encombrement générale des routes vers le sud de la France à ce moment-là.

La Seine, le fleuve, est pour eux le premier obstacle à franchir. Le convoi du Corbier choisit donc de se diriger vers le pont de « Bray sur Seine ». C'est l'Objectif !  

 

La première étape : Le Corbier – Gare de Jouy le châtel –  chateaubleau : 14 km

yvette_et_sa_soeur_1943Ils partent tôt le matin, nous sommes Juin, les journées sont longues. C'est entre Jouy le Chatel et Saint Just qu'ils croisent deux militaires en motos dont le docteur « Lecocq » accompagné d'un autre soldat (qui rentraient chez eux ?). Ils campent à droite de la route sous les arbres à l'entrée du village de Chateaubleau. Yvette et sa sœur sur l'herbe avec une couverture, ses parents et son petit frère dans la gerbière. La découverte de ce camping « à la dure » n'amuse pas les deux sœurs. Heureusement pour elles, il ne pleuvra à aucun moment !

 

Deuxième étape : Chateaubleau – Landoy : 7 km

Départ toujours tôt le matin mais un seul kilomètre de parcouru avant midi, la pause déjeuner a lieu dans le bois à la sortie du village de Chateaubleau. Son père fait le plein d'eau dans un puits à l'entrée de Maison rouge. Il n'y a ni vélo, ni moto dans le convoi donc pas d'éclaireur, ils découvrent les obstacles au dernier moment... Campement le soir dans les bois avant le village de Landoy.