Dès le Comité de guerre du 25 mai, le président de la république, M. Albert Lebrun, et le président du Conseil, M. Paul Reynaud, devant les sombres lendemains qu’ils voyaient venir, avaient parlé « d’armistice ». Cette triste éventualité n’avait pas échappé à leur prévision. Le mot ayant été prononcé, le général Weygand, qui ne voulait pas encore désespérer du succès stratégique, avait demandé que le gouvernement s’adressat aux britanniques : sans leur accord nous ne pouvions négocier avec l’ennemi. La convention franco-anglaise du 28 Mars excluait, en effet, toute négociation ou conclusion « d’armistice ou de traité de paix durant la présente guerre, si ce n’est d’un commun accord. »
Dans un légitime souci d’amour-propre, M. Reynaud hésitait à formuler pareille requête auprès de M.Churchill, devenu premier ministre en Angleterre le jour meme de l’offensive allemande du 10 Mai. Il ne s’y résigna que lentement.
Le 10 Juin, le Commandant en Chef, qui avait pu maintenir jusque-là son ordre de bataille, fit savoir au gouvernement, responsable de la conduite de la guerre, que les combats engagés sur la Somme, l’Oise et L’Aisne n’avaient pu maintenir une situation désormais sans remède. Le 29 Mai le général Weygand avait exposé au pouvoir exécutif l’importance la partie qui se jouait pour la France. Le 10 Juin, le général, constant l’impossibilité de colmater le front, d’arreter l’ennemi et de regrouper l’armé brisé en trois tronçons, se décidait à attirer l’attention du gouvernement sur le péril pressant qui menaçais la patrie. Le 12 Juin, concluant un rapport verbal présenté au Conseil des ministres, le Commandant en chef déclaraient : « Le gouvernement doit adresser sans retard au gouvernement Allemand une demande d’armistice ».